
2 rue de la Biscuiterie 44000 Nantes
Le 15 février 2003
à l’invitation de Jean Blaise
«1 000 personnes rassemblées pour parler d’art, qui dînent d’une façon un peu particulière, des experts qui nous apprennent des choses que nous croirons avoir pensées nous-mêmes tant ils l’expriment d’une façon claire et fondée, des artistes qui nous offrent leur art et 100 témoins qui ont beaucoup donné et qui sont nos invités ».
Jean Blaise / Directeur du Lieu Unique.
Avec la participation de : Albert Algoud, journaliste, Jean Viard, sociologue, directeur de recherche au C.N.R.S, Pierre Sterckx, critique d’art et enseignant à l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris, Christophe Guichet et Armel Roussel, auteurs, comédiens et metteurs en scène, Jean-Pierre Raynaud et Joël Hubaut, plasticiens...
ARTISTES PRÉSENTÉS :
Loïc CONNANSKI - Olaf GEUER - Germain HUBY
Nombre de spectateurs : 1 000
crédit photographique : © Germain Huby (Germain fait sa télé)
Olaf GEUER (Allemagne) :
Komposition für vier Treppenhäuser und eine Person.
3 min 30 - 2000
L’escalier est certainement l’un des jeux rythmiques instrumentaux les plus joués.
Cette vidéo joint simultanément quatre escaliers et les expériences faites sur ces quatre images parallèles, et la composition sonore.
Loïc CONNANSKI (France) :
Bande annonce. 2 min - 1994
Auto-filmeur acariâtre et prétentieux. Inventeur de la caméra DV, du montage virtuel, de l’interactivité et du ready-bad. En général, les imbéciles n’aiment pas son travail. Loïc Connanski
Germain HUBY (France) :
Germain fait sa télé. 2000/2002
Dans cette série qui se découpe en plusieurs épisodes, ici « urgences », série télévisée américaine, l’artiste incarne un personnage dont le quotidien pourrait ressembler à « Monsieur tout le monde ». Cependant, un dédoublement de la personnalité s’opère sur ce personnage qui ne s’exprime qu’avec les voix des protagonistes de la télévision.
# épisode 1 : urgences. 5 min
ÉDITO
Le 21 avril 2002 à 20 heures, le portrait de Jean-Marie Le Pen apparaît sur les écrans de télévision et notre monde politiquement correcte s’écroule.
Quinze jours plus tard, près de 20 % des électeurs votent pour qu’il soit Président au second tour, c’est-à-dire un pourcentage supérieur à celui des français qui fréquentent les musées, les bibliothèques, les Scènes Nationales, les Centres d’Art ...
L’énorme effort produit par la gauche dans les années 80 pour augmenter le budget de la culture n’aurait donc servi à rien ?
Le développement culturel qui aurait dû provoquer l’ouverture des esprits, le renforcement de la tolérance, la compréhension des autres, n’a manifestement pas fait son œuvre puisque c’est le parti dont les idées professées sont à l’opposé de ces valeurs qui a progressé et qui, nous le sentons, peut progresser encore.
Nous savons que sur un bassin de population de 300 000 habitants, le Lieu Unique en une année a enregistré 100 000 entrées aux spectacles et aux expositions, et près de 250 000 dans ce que nous appelons le lieu de vie (bar - restaurant - librairie). Par recoupement, nous avons calculé qu’environ 50 000 personnes différentes avaient fréquenté nos activités artistiques, soit plus ou moins 15 % de la population visée.
Après tout, ces chiffres sont importants et notre travail sans doute utile si l’on considère, de plus, que l’aventure du Lieu Unique participe de la bonne image de Nantes au niveau national.
Mais pouvons-nous nous résigner à ignorer 85 % de la population ?
Forts de ce constat, nous avons demandé à trois journalistes de partir à la recherche d’une centaine de personnes représentatives de la population nantaise et de les interroger sur les rapports qu’elles entretiennent avec l’art.
Ces personnes ont accepté de se faire photographier par une jeune artiste, Katja de Vlaeminck. Leur portrait sera affiché partout dans la ville avec un extrait des propos qu’elles ont tenus.
Ils ou elles, de tous âges, sont instituteurs, employés, artisans, jardinier, médecin à la retraite, coiffeuse, aide soignante, vendeuse dans une droguerie, femme au foyer, chef d’entreprise, vendeur en électro ménager ...
Tous ces témoins seront présents au Lieu Unique le 15 février en compagnie « d’experts » capables de parler clairement de l’utilisation du temps dans notre société, de l’argent, de l’isolement, de la fonction de l’art, des effets de la télévision, de l’élitisme de tout ce qui fait qu’une majorité de la population n’entretient aucun rapport avec l’art. Nous avons essayé, dans le choix des intervenants et des animateurs, de faire appel à des personnalités qui ont une parole claire susceptible de stimuler la réflexion de chacun. Il s’agira d’une discussion avec le public.
Nos témoins s’exprimeront s’ils le souhaitent. Nous avons pensé également que la meilleure disposition pour discuter, finalement, c’était un dîner.
Nous avons demandé à nos amis flamands de Onderneming, qui avaient présenté Marius sous un auvent du stade Marcel Saupin avec vue sur la Loire, de nous proposer un dîner pour 1 000 personnes, mais un dîner d’artistes, modeste et humoristique. Ils travaillent avec des cuisiniers étonnants qui font des choses très bonnes et qui ne coûtent rien.
Evidemment, pour une nuit consacrée à l’art, il fallait que des artistes soient présents pour parler s’ils le souhaitent, mais surtout pour des interventions, des petits concerts, des installations et des performances.
Donc, la Nuit Unique, ce sera ça : des gens rassemblés pour parler d’art, qui dîneront d’une façon un peu particulière, des experts qui nous apprendront des choses, que nous croyons avoir pensées nous-même tant ils l’expriment d’une façon claire et fondée, des artistes qui nous offriront leur art et tout cela sera vif, étonnant, percutant de 20 h à 6 h du matin, le tout pour 5 euros sauf pour nos 100 témoins qui auront beaucoup donné et qui seront nos invités.
Jean Blaise