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Alex POU : L'Invisible - Hacked by Thanos Fz
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- Alex POU : L’Invisible

Revue Urbanisme


L’association est-ce une bonne nouvelle collabore régulièrement avec Annie ZIMMERMANN, rédactrice et secrétaire de rédaction et Caroline HARTLEY, directrice artistique, pour la rubrique VIDÉO de la REVUE URBANISME.

L’Invisible - 58 min. - 2006

Long zoom arrière sur un portrait d’enfant, partant du flou d’un œil, de l’âme peut-être, jusqu’à l’émouvante netteté et fragilité d’un visage.
Quel est ce personnage qui, devenu adulte, nous introduit peu à peu dans son intimité et dans les paysages de sa déambulation ? Jamais il ne parle, si ce n’est en voix off, pour livrer un récit fragmenté de sa vie et de ses réflexions : il est né au début du XXe siècle, s’intéresse à la micro-biologie, voit Panzer de Walter Ruttmann à l’Alhambra en 1942, discute quelques années plus tard avec Aldous Huxley et Thomas Mann dans la baie de Santa Monica, rencontre Yona Friedman à Paris puis le retrouve à Brighton avant que ce dernier n’écrive, en 1978, L’Architecture de survie.
«Au début du siècle, on croyait beaucoup au positivisme [...]. Les savants jugeaient qu’en utilisant les connaissances nouvelles et les moyens que la science moderne mettait à la disposition de l’homme, on pourrait bonifier l’homme jusqu’à la perfection, et édifier ainsi un nouveau monde plus rationnel, plus humain. Alors, ce jour d’une humanité nouvelle, je suis devenu architecte.» Le sens est donné. On comprend alors combien bâtir est pour lui une vocation au sens plein du terme, qu’il s’agit d’un acte créateur dédié et primordial, puique destiné à accueillir l’humain. Que l’architecture est édification dans toutes les acceptions du terme, pour le concepteur comme pour l’utilisateur.
Boulogne-sur-Mer, Paris, Liège et ses alentours sont les étapes de ce road movie d’une heure où cet architecte incarné par l’acteur Sharif Andoura, semble, à partir des bulles gigognes que sont son monde intérieur et sa voiture, se projeter et donner sens, presque malgré lui, aux lieux qu’il arpente. Selon l’usage qu’il en fait, ces environnements sont abordés à des niveaux et sous des angles perceptifs différents, ce qui donne à la vidéo une étonnante profondeur. Alors qu’en filigrane se dessine cette question aujourd’hui essentielle : comment construire sans détruire ? Dans le monde dénaturé à l’aune de l’humain qui l’habite, un parallèle est ainsi fait entre une tentative de greffe de visage et «l’architecture frankenstein», celle qui consiste à remodeler des bâtiments dégradés, pour le meilleur ou pour le pire.
L’humour n’est pas absent du film, notamment dans un déjeuner de travail entre un élu et l’architecte, où un judicieux montage de propos réels fait apparaître toute la démagogie de certaines commandes publiques ainsi que l’absurdité et l’incohérence du langage employé : «Pour les terrains vagues, ils sont situés entre des zones plantées où l’on trouve des matériaux usagés bien sûr - véhicules, meubles, machines etc. - qui peuvent être démolis. Il y a aussi un mur multifonctionnel, un fossé de cailloux, une tour polyvalente, un réseau routier, des aires de jeux, différentes sortes de rives, un espace de transition, des matériaux bruts, des jets d’eau ET des fontaines. Bon... Le facteur esthétique de la planification urbaine est important selon deux facteurs très différents : d’une part, en tant qu’enrichissement visuel sous forme d’art ; d’autre part, en tant que repère qualificatif de l’environnement bâti». Une perception particulière de l’urbanisme et du 1% artistique...
Pourtant, on pourrait échapper aux normes, contraintes, barrages, comme le fait l’architecte à la fin de la vidéo, dans une réaction violente, «la panique du présent» ; il cesse d’accepter ce qu’il voit, court jusqu’à sa voiture et s’enfuit. La nuit tombe, le flou et l’indiscernement du visage reviennent, comme si l’histoire d’un siècle de «progrès» se bouclait sur elle-même. Bien sûr, l’héritage est là, mais nul n’en est prisonnier, tout dépend de chacun de nous; le XXIe siècle est à écrire. A. Z.

Alex Pou est né en 1974. Diplômé de l’École des Beaux-Arts, il est vidéaste et éditeur (collectifmix.org) et prépare actuellement un long-métrage, Le Designer.

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Filmographie
Le Designer (long-métrage en cours d’écriture)
2007 Le Dériveur (7mn)
2006 L’Invisible (58mn)
1999 VP (Vie Prolongée) (68mn)

L’Invisible
Réalisation et montage : Alex Pou
Scénario : Alex Pou et Sharif Andoura
Musique : Damien Cadio
Prise de son : Laurent Mathias
Textes : Mike Davis, Yona Friedman, Patrick Ourednik, Alex Pou
Musique additionnelle : Pino d’Angio «Ma quale idea» (1980-Flarenash/WEA)
Tourné en France et en Belgique
Acteur principal : Sharif Andoura
L’architecte ennuyeux : Guillaume Durieux

Extrait
«Après la deuxième guerre mondiale, les architectes devaient se faire à cette idée : Les constructions devenaient des usines à rêves. Le grand ON indéfini travaillait sur l’utopie d’un monde sans défaut ou tout le monde mesurait 1,83 m, un monde craignant le désordre industriel, un monde qui avait peur de la vitesse et de la lenteur, en fait, un monde qui voulait revivre son passé. C’est ce regret qui a totalement oublié l’aspect fictionnel de l’architecture. Il n’y avait plus qu’un seul mot d’ordre : fonctionnaliser.
Vouloir revivre, c’est idiot comme idée.»

 
 
 
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