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Le dériveur - 6 min. - 2007 - Hacked by Thanos Fz
la collection

POU Alex - France

 

photo du tournage


- Titre : Le dériveur
- Année : 2007
- Durée : 6 min.
- Données techniques :
support de tournage : DV
support de diffusion : DV/DVD
couleur, sonore

Mise en scène / Décors :Franck Léonard / Alex Pou
Texte : Antoine Dufeu / Alex Pou
Voix : Sharif Andoura
Musique : Damien Cadio

Une voix chuchotée et invisible accompagne un long travelling traversant des paysages désertiques, des couloirs sans fin, des architectures sans but.

VOIX OFF

Il y a avant tout une chose que j’aimerais dire. Nous ne nous sommes jamais cachés.
Nous n’avons jamais fait de coups «en douce».
Nous n’avons jamais travaillé dans le secret.
Tout a toujours été disponible. Ce travail disponible, nous l’avons souvent trouvé effrayant,
à donner le vertige.

Pourtant, il y a bien des choses que nous aimons et bien des choses que nous n’aimons pas. Nous pourrions les nommer, oui, nous aurions pu le faire.
Nous aurions pu faire une liste, elle nous aurait peut-être aidé, mais beaucoup de listes ont déjà été faites.
Des listes de tout. Des listes d’idées, des listes de mouvements, des listes de dates, des listes de noms, des listes d’espoir, des listes de morts, des listes de choses à ne pas oublier, des listes d’actions, des listes de questions et de réponses, des listes de choses à faire, des listes de listes.
C’est donc pour cette raison que nous ne cesserons pas de participer à ce qui se passe. Pour que les listes soient infiniment longues, infiniment possibles.
Ah, comme nous aimons agir.
Donner du grain à ceux qui comptent.

D’ailleurs, nous n’avons jamais cessé.

Nous n’avons jamais cessé de transformer. Nous avons transformé beaucoup de choses, nous nous sommes transformés aussi, nous avons construit du dur, mais nous n’avons jamais édifié. Nous n’avons jamais profité des calculs. Notre catalogue est immense et pourtant nous vidons tout, nous ne gardons rien. Ne rien laisser pourrir. Nous vivons avec cette idée : Rien ne pourrit.
Nous digérons tout, rapidement. Nous évacuons, rapidement. Et pourtant, nous faisons toujours preuve d’un bel appétit.

La faim.
Nous l’avons depuis longtemps, depuis le temps où nous découvrions d’autres planètes. Le temps où la guerre des mondes nous inspirait.
Maintenant, nous sommes à cran, nous fulminons, nous sommes prêts à nous écrouler, à basculer dans la contemplation. Les belles idées. Se laisser aller aux idées. Voyager en profitant. Croire qu’attendre est une action qui rapporte. Payer pour un mirage. Conseiller un groupe pour son bien. La théorie des ensembles... Aujourd’hui comme toujours, nous nous épargnons ces illusions. Nous évitons d’attendre. Nous agissons avec incertitude et avec joie. Et nous sommes déchaînés.

Nous aimons cette réalité qui est la nôtre, elle nous excite.
Nous n’aimons pas l’ailleurs, la brume, la décoloration, l’invention du futur, nous aimons le futur. Nous n’aimons pas l’imitation, l’imitation du monde, la bonne conscience de l’imitation, la création. Nous détestons tous ces mots.

Nous guettons, mais nous n’espérons jamais.
Nous ne faisons pas rêver car nous agissons.
Et pourtant des idées mortes nous jugent.
Nous n’avons rien à voir avec ces idées.
D’ailleurs, nous n’avons rien à voir avec les idées, ce sont les idées qui ont à voir avec nous.
Nous n’agissons pas seuls.
Nous agissons avec elles, mais jamais très longtemps.

Les idées n’engendrent pas de malentendus, elles ne se dégradent pas, ne se gâtent pas, ne vieillissent pas. Les idées ne sont pas nos idées. Qui peut donc nous les prendre? Nous n’inventons rien. Nous sommes sur le fil, nous n’avons pas le temps. Le temps n’existe pas. Les idées ne s’inventent pas, elles sont invisibles.

Nous n’avons jamais fini avant d’avoir commencé.
Depuis que nous sommes là, il n’y a ni commencement ni fin, il n’y a qu’un mouvement. Ce mouvement, nous l’enregistrons. Nous le percevons, nous l’interceptons. Nous marchons en crabe.
C’est ainsi que nous nous transformons. Nous n’avons pas idée à quel point nous nous transformons. Nous montons sans cesse, nous faisons des rapprochements. Nous n’avons pas le sentiment que cela soit injuste. Au contraire, la justice vient d’un rapprochement et d’une balance.

L’idée même du montage : c’est la balance de la justice. Nous taillons donc dans la masse. Et quand nous ne disposons pas de moyens pour arriver à nos fins, nous les bricolons.
Nous grillons des étapes.
Nous perdons du temps, mais le temps ne nous manque jamais. Il n’y a pas de problème avec le temps, il n’y en a jamais eu.
Nous ne pensons pas le temps comme quelque chose d’extérieur à nous-même. Nous ne pensons pas le temps matériellement, nous ne le pensons pas.
Nous croyons aux symptômes. Nous croyons aux machines qui en fabriquent. Nous croyons à leur intuition.
Nous pensons et nous sommes certains que l’intuition et une une machine «bousculante», une sorte de mécanique qui s’immisce, un lien qui ne s’arrête jamais.

Nous pensons que l’intuition aide à faire glisser ce qui est fixe.
C’est encore ce mouvement qui nous anime, ce renversement qui nous stimule.
C’est pourquoi nous renversons des situations. Parce que nous imaginons ce que peuvent penser les autres. Nous pouvons imaginer ce que tout le monde pense.
(Et) c’est à cet endroit précis qu’il nous arrive d’exploser.

 
 
 
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