la collection

ROUX Vincent - France

 

- Titre : La colonie
- Année : 2004
- Durée : 26 min.
- Données techniques :
support de tournage : DV
support de diffusion : DV
couleur, sonore

«À la colonie pas plus qu’à la centrale, le mot malfaiteur n’a plus de sens, qui le prononcera se rendra ridicule», cette phrase est articulée au milieu du film, dans un couloir vide et désaffecté entre une cellule blanche où traîne au sol un cercueil et l’obscurité d’une autre avec l’échappée d’un ciel bleu où lentement s’étiole un nuage... De belles images comme sait en produire Vincent Roux, en contraste poignant avec l’histoire évoquée de cet établissement.
Nous avons pénétré lentement dans une maison de redressement. Une approche extérieure campée dans un environnement bucolique, un édifice imposant livré en une suite de plans fixes... Toutes ces prises de vues lentes et progressives ont fiché le décor. Mais ici et très vite "Colonie" ne rime pas avec vacances mais avec pénitentiaire. La désertion du lieu et la découverte graduelle de son délabrement plombent étrangement la lecture de son histoire passée que nous profile Vincent Roux. Il existe des lieux définitivement marqués par leur histoire comme au large de Cayenne, les bagnes coloniaux de l’Ile du Salut ou de l’Ile au Diable. Cependant, la nature a partout repris ses droits avec la luxuriance de végétations et l’entortillement de racines capables d’ensevelir l’insalubrité des anciens cachots. Seule l’histoire des délits, sévices et autres souffrances est transmise à travers les graffitis, récits d’anciens bagnards, dont celui d’Henri Charrière plus connu sous le nom de Papillon. La Colonie fait partie de ces lieux-là et se maintient dans un entre-deux.
Ici, la voix sonne comme un témoignage direct, un commentaire éventuel des images capturées. Cependant, la diction est hachée et parfois trop hésitante comme le déchiffrement mal assuré d’un texte. Les paroles d’un registre littéraire s’accordent mal avec le manque d’éducation et de maturité que l’on suppose aux jeunes colons. Ce décalage est d’autant plus troublant que ce qui est dit résonne avec ce qui est vu. On apprend au générique qu’il s’agit d’extraits de textes. Le miracle de la rose, de Jean Genet, Les enfants du bagne de Marie Rouanet et Le groupe d’information sur les prisons ont été partiellement lus.
Mo Gourmelon

 
 
 
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