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Ecce homo - 13 min. - 2002 - Hacked by Thanos Fz
la collection

YADAN Rémy - France

 

- Titre : Ecce homo
- Année : 2002
- Durée : 13 min.
- Données techniques :
support d’enregistrement : DV
support de diffusion : DV
sonore

"Ecce Homo" est un court-métrage à caractère documentaire, filmé en infrarouge dans des souterrains obscurs, qui recèlent les rouages d’une homosexualité dissolue, anonyme et clandestine. Un éveil sensuel et suave se dévoile délicieusement, avant de glisser dans les tréfonds sulfureux d’une sexualité abandonnique... Une exhaustive perdition humaine et une solitude s’émanent des images. Un revers musical de John Cage et de Bashung tente d’adoucir sentimentalement la mécanique des corps...

«Voici l’homme». Traduction latine d’ «Ecce Homo». Le film nous emmène dans une sorte de mélancolie abyssale qui tire le spectateur dans une dimension carcérale et sulfureuse. Les premiers plans balayent une masse abstraite, avant de découvrir quelques formes corporelles, un enchevêtrement d’individus. Une brume oppressante vient ensevelir l’image sur un son métallique de John Cage. Le spectateur est tendrement conduit dans une sphère érotique, avant de chuter et de s’engouffrer dans une trappe cinématographique. Enchaînement et succession de sexualités collectives, qui viennent se scander sur une bande sonore d’ Alain Bashung, "l’irréel". Une matière émotionnelle saisit les séquences d’entropies corporelles. Le décalage musical perturbe et désamorce l’idée de consommation physique en glissant dans un trouble invoquant l’abandon et la perte identitaire.
"Ecce Homo" est une phrase édictée par le gouverneur romain Ponce Pilate («Procurateur de Judée»), qui livre Jésus à ses bourreaux, sous les pressions harassantes du tribunal ecclésiastique juif (le Sanhédrin), qui veut condamner Jésus à mort. «Il se prétend roi des juifs, il doit être exécuté». Ponce Pilate ne comprenant pas le choix de ces derniers, donne un tacite agrément et assigne Jésus à ses tortionnaires. Ponce Pilate dit «Ecce Homo».
«Ecce Homo» signifie par conséquent «voici l’homme condamné», ce qui donne au film une tonalité contrariée et contentieuse. Il y a dans la déclaration de Ponce Pilate une déresponsabilisation exhaustive, puisque sa formulation «je m’en lave les mains» est interprétée de la sorte «Si le Sanhédrin veut tuer Jésus, qu’il le fasse mais je n’en prends pas la responsabilité». Jésus n’est donc plus dans une condition de choix et son destin est scellé. Il n’y a pas d’apologie homosexuelle. «Je vous montre les rouages d’une homosexualité dissolue et clandestine, mais je n’ai rien inventé». Le troisième point cardinal concerne les iconographies d’Ecce Homo. Le christ est précisément représenté les yeux mis clos, avec le couronnement d’épine, peu avant le «Christ aux outrages», ce qui est très significatif de la posture de passivité.
Ce qui met en exergue une certaine passivité psychique des individus du film. Psychanalytiquement, la débâcle et le libertinage effrénés seraient une sorte de déflagration «convulsive» que le sujet subirait passivement. Il serait en d’autre terme esclave de ses pulsions et de sa libido. Sur un plan psychanalytique, le Christianisme serait la responsabilité vis-à-vis d’autrui, c’est-à-dire, «Tu aimeras ton prochain comme toi-même» Et dans l’idée de l’Amour du prochain, toutes les variations sont possibles. Le diabolique de la Chrétienté ne serait plus d’aimer son prochain comme soi-même, mais serait de le détester comme on se déteste soi, c’est-à-dire de rompre en quelque sorte le pacte d’amour vis-à-vis de l’autre.
Une touche qui semble de près répondre aux valeurs des scènes capturées dans ce court-métrage.
Voilà un titre qui aura vécu. Je pense à George Grosz ou à Nietzsche, et tant d’autres qui ont utilisé Ecce Homo dans des registres bien différents.

 
 
 
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