Titre : Making Off
Année : 17 min. 48
Durée : 2006
Données techniques :
support de tournage : DV
support de diffusion : DV
couleur, sonore
Rua Lavradio, à Rio-de-Janeiro, l’activité y est incessante, de jour comme de nuit, on y travaille sans cesse.
Dans ce film, Edson Barrus enregistre les signes fébriles d’activités. Chacun, tout à sa tâche, démontre que ce
n’est pas tant le résultat qui importe que le faire et défaire. On s’active, un mur s’élève, des fûts de bière sont alignés devant un bar, des porteurs tirent et poussent leurs fardeaux, des hommes refont un toit, tandis que
d’autres s’activent autour d’une bouche d’égout, et que d’autres encore déroulent et enroulent des bâches le long d’immeubles en rénovation, ou sur un toit.
Un autre s’essaye à entasser les rebus de ferraille sur une carriole. Son activité n’est pas à proprement parler couronnée de succès, mais elle est constante et s’oppose ainsi à l’apparente efficacité d’autres activités, au demeurant plus performantes.
Les murs sont terminés avant d’avoir commencé à s’élever, inversant ainsi la temporalité et malmenant cette productivité affichée.
Le vieil homme entassant les bouts de métaux incarne-t-il a son insu le mythe de Sisyphe?
Certains semblent défaire de jour ce que Pénélope faisait la nuit.
Toute cette économie, toute cette efficacité du travail sont balayées par l’accumulation même des plans constituant la bande, qui pourraient, à l’image de cette productivité magnifiée, être sans fin.
Ces corps au travail sont tous masculins, quelques-uns portent l’uniforme de
leurs fonctions et inscrivent plus officiellement leur appartenance à la société hiérarchisée, alors que d’autres sont ostensiblement des rouages d’une économie parallèle.
Le film fonctionne à partir d’une série de séquences montées en alternance. Ce montage n’est pas systématique, l’agencement et la reprise des plans sont souples et répondent à une logique qui découle plus de la qualité des
séquences. C’est l’activité dépeinte qui déclenche le montage, plus qu’une structure pré-existante.
Le film prône ainsi une désorganisation subtile du
travail, qui affirme dans son déroulement même ce qu’elle dépeint, c’est-à-dire faire et défaire, c’est toujours travailler.