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life®resorts - 10 min. - 2007 - Hacked by Thanos Fz
la collection

dumond frédéric - France

 

- Titre : life®resorts
- Année : 2007
- Durée : 10 min.
- Données techniques :
support de diffusion : DV/DVD
couleur, sonore

Cette pièce a été tournée dans une zone résidentielle de classes moyennes aisées, en Amérique du Nord. Défilement d’habitations de standing en un long travelling.
life® resorts est un paysage mental, et retrouve, dans d’autres conditions historiques, la psychogéographie situationnniste. C’est une interrogation de la répétition, de l’idée de répétition, de l’invariance qui sous-tend toute variabilité, dans un modèle de société où l’autre n’est possible qu’en apparence, et superficiellement.

- Article d’Annie Zimmerman - revue Urbanisme -

Chartersville, une zone pavillonnaire « classe moyenne aisée » à Moncton, Canada. C’est là que l’artiste a entrepris sa dérive vidéographique : un long plan-séquence filmé d’une automobile sur une nappe continue de maisons « avec jardin », ou accolées en bandes. De type bungalow ou à deux étages, elles sont toutes blanches et/ou grises, avec des toits traditionnels à pente, un porche ou fronton, souvent plusieurs voitures stationnées sur le drive way. Ce qui frappe d’abord, c’est l’absence de présence humaine, cette sensation de naviguer à l’intérieur d’une maquette ou dans une simulation. Il s’agit pourtant bien d’un réel – les quelques voitures qui circulent en témoignent – sous forme d’une matérialisation littérale de catalogue de constructeur. Un enchaînement de répétitions, comme une litanie de bâti. Toujours les mêmes mots ou presque – la fameuse écriture architecturale, mais peut-on parler ici d’architecture –, qui ne parviennent pas à former une phrase, à faire sens, à faire d’un morceau de territoire un lieu. Rien ne s’ancre, rien ne semble prendre place et s’établir dans ce paysage, même les arbres et les pelouses font décor. De ces pareils aux mêmes ne s’établit qu’un rapport sans consistance, sans force, l’espace est délétère, rien ne tient, le vide reste vide.
L’humain, d’ailleurs, est présenté par l’artiste comme un accroc. L’image trébuche sur lui, sursaute, revient en arrière pour tenter de le capter : un homme promenant un chien, toujours le même, qui semble être le seul habitant de cette maquette échelle 1/1. Il réapparaît toujours, comme une obsession, une image mentale plus qu’une réalité : il est « l’habitant du pavillon», le personnage générique d’un univers générique, il était déjà dans le catalogue, dans la rue, il y est toujours.
Dans ce construit aux allures d’énigme, ou de labyrinthe, le ciel est d’un bleu lumineux, ce qui ajoute encore au sentiment de fiction, renforcé par une bande son étale, un souffle/vibration continu et oppressant. Nous sommes dans un phénomène social parmi d’autres : le « parc à vivre ». Il y a des parcs de loisirs, il y a aussi des parcs à vivre. Pour riches, pour pauvres, pour vieux, des parcs à thème en quelque sorte. Pour que le monde soit bien ordonné, chacun à sa place, avec son « semblable ». Cette vidéo n’est pas bavarde, d’où sa force, son pouvoir évocatif et réflexif. Il s’agit d’un constat, d’un état des choses, avec très peu d’effets, une visite de quartier sans commentaires. Au spectateur de se forger une opinion sur ce qu’il voit, et, par rebond, de s’interroger sur ses propres choix de d’habitat, et de vie. Car l’uniformité présente dans ces zones pavillonnaires, de plus en plus nombreuses à travers le monde, se double à échelle planétaire d’une uniformisation qui n’est pas que de l’ordre du bâti. Cette vidéo sans concessions peut donner envie de s’y opposer. A. Z.

 
 
 
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